Quelques conseils

Définir ses objectifs


On ne commence pas l'étude d'une langue sans avoir réfléchi à ses objectifs linguistiques. Il faut savoir si l'on veut avant tout être capable de lire (des mangas, des haïkus, le journal), de comprendre (des anime, la NHK ou d'éventuels amis japonais), de parler ou d'écrire.
Selon qu'on vise telle ou telle compétence, la façon de travailler n'est pas la même. On ne peut pas espérer progresser en communication écrite et orale sans un professeur ou un ami japonais prêt à jouer ce rôle. On peut en revanche travailler de manière autoditacte la compréhension orale et écrite, en privilégiant le sens japonais->français.
Bien entendu, les objectifs peuvent évoluer. Mais il est important de les définir pour ne pas gaspiller son énergie (par exemple, ne pas perdre du temps à essayer de faire maladroitement du thème si l'on veut avant tout être capable de lire le journal).

Ecouter les enseignements de Khatzumoto-sensei


 Je recommande vivement la lecture de All japanese all the time, le blog de Khatzumoto, à tous ceux qui ne sont pas allergiques à la langue anglaise. On y trouve d’excellents principes d’apprentissage des langues (et d’autres un peu moins bons, à chacun de faire son tri). Voilà ceux que j’ai retenus, sur un plan général :
  • le plaisir avant tout
  • input before output
  • préférer la fréquence à la durée
  • éviter de se comparer aux autres
Principe n° 1 - Le plaisir avant tout 

Ce qui compte, ce n’est pas l’intensité de l’effort mais la persévérance. Or l’apprentissage ne peut être poursuivi dans la durée si on accumule les choses trop ennuyeuses (un mauvais manuel) ou difficiles, en écartant les plus drôles (regarder One Piece) sous prétexte qu’elles ne constituent pas un matériel pédagogique valable. Tout ce que vous faites en japonais est bon (même s’il faut être conscient que Luffy s’exprime dans un registre de langue qui ne conviendrait pas au sein d’une entreprise par exemple). Si ce que vous avez commencé vous fait mourir d’ennui, passez à autre chose. Si vous vous êtes attaqués à un texte trop compliqué, mettez-le de côté, en attendant d’avoir suffisamment progressé pour en triompher avec moins de difficultés. Toute pénibilité excessive vous éloigne de votre but, parce qu’elle réduit votre désir d’apprendre et sape votre moral.
Attention, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse et confondre plaisir et facilité. Mémoriser 2136 kanjis n’est pas facile. Mais si l’on s’y prend bien, cela peut-être un exercice plaisant. Lire un texte trop compliqué est décourageant, mais lire un texte trop facile n’apprend rien et ne suscite aucun plaisir. Il faut sans cesse chercher le bon niveau de difficulté, accessible mais stimulant (à ce sujet, on peut aussi lire les ouvrages de Mihaly Csikszentmihalyi).

Principe n° 2 – Input before output

Avant qu’un enfant ne dise son premier mot, il emmagasine des heures d’écoute de sa langue maternelle. D’aucuns préconisent d’utiliser la même méthode avec les langues étrangères, au point d’interdire toute expression avant d’avoir cumulé X heures d’écoute. Sans aller jusque là, il est certain que le vocabulaire et les tournures de phrases viennent beaucoup plus facilement lorsque l’on a déjà beaucoup lu et beaucoup écouté. Il est donc assez vain de vouloir parler / écrire tout de suite, parce que cela demande beaucoup d’efforts pour un piètre résultat.

Principe n° 3 - Préférer la fréquence à la durée

Ce qui compte est moins la durée d’exposition à la langue cible que la fréquence de l’exposition. Il vaut mieux faire 4 séances de 20 mn bien concentré, plutôt que 2 heures avec une efficacité décroissante. Si vous vous forcez à lire tant de pages, à écouter tant d’heures, à apprendre tant de mots, ou si vous culpabilisez parce que vous n’en avez pas fait assez, vous allez à l’encontre du principe n°1, et donc vous allez à l’encontre de votre but.
Vous pouvez écouter du japonais en marchant (musique ou podcast), regarder une anime le soir, lire un post dans un blog, bref multiplier les expériences tout au long de la journée (dans la mesure du possible). Varier les supports permet également d’éviter la lassitude et de garder intact le plaisir d’apprendre.

Principe n° 4 - Ne pas se comparer aux autres

Certains se vantent d’avoir appris tous les kanjis en 3 mois, votre voisin est devenu bilingue en un an, votre frère progresse plus vite et vous avez l’impression que vous n’arrivez à rien. Arrêtez de vous comparer aux autres. Il ne faut se comparer qu’à soi : au soi que l’on était il y a peu et éventuellement à celui que l’on veut devenir, dans le premier cas pour constater les progrès, dans le second cas pour cultiver le désir d’apprendre. Tout autre comparaison est nuisible. A chacun son but, son rythme, l’essentiel est d’avancer, même lentement.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ces conseils éclairés auxquels j'adhère en tous points. Alice

Unknown a dit…

Justement je commencé à perdre plaisir et à vouloir abandonné.
Mais vous avez raison, le plaisir avant tout. Je suis remonté à bloc :)
Merci.

Timothé a dit…



Merci pour votre blog et vos conseils qui me redonnent courage dans mon apprentissage du japonais en autodidacte.

Félicitation pour votre magnifique et si intéressant travail sur le 百人一首.

Si votre travail sort en livre un jour n'hésitez pas à me le faire savoir voici mon courriel enschtimothe@gmx.fr

Bien à vous.


Timothé