lundi 14 mai 2012

Les cigales ou la bande-son d'un été japonais

Il y a de très nombreuses espèces de cigales dans le monde, et en particulier au Japon, où l'on en dénombre une trentaine, selon la Wikipédia japonaise. Les セミ (蝉), puisque tel est leur nom, varient selon les régions et les périodes. Ce qui est certain, c'est que leur chant omniprésent berce les étés nippons, et que les Japonais l'associent à cette saison, comme ils associent le 紅葉 (もみじ, rougeoiement des feuilles) à l'automne ou la floraison des cerisiers au printemps. De même, pour tout voyageur qui visite le Japon en cette saison, c'est la bande son de l'été japonais. Voici le chant d'une des espèces star, la ミンミンゼミ :


Ça vous dit quelque chose ? C'est normal. Vous avez probablement entendu ce chant dans des films ou des アニメ, car il est souvent utilisé comme bruitage. Mais il existe bien d'autres chants, comme celui de cette cigale filmée à Tomonoura.




Certains sont sans doute pris de pensées génocidaires lorsque les infatigables chanteuses élisent domicile sous leurs fenêtres. D'autres se sont intéressés à leur musique, tel Lafcadio Hearn, plus connu au Japon sous le nom de 小泉八雲 (こいずみ やくも):
Les insectes les plus intéressants sont certainement les sémi, qui vivent dans les arbres et sont des chanteurs plus surprenants encore qu'aucun de leurs plus extraordinaires congénères des tropiques ; moins insupportables aussi, parce que l'espèce en variant à peu près chaque mois pendant la saison des chaleurs, le son des voix est aussi totalement différent.
Il a lui aussi apprécié la ミンミンゼミ
Au natsouzémi, fort heureusement, succède bientôt le minminzémi, plus émérite musicien, dont le nom dérive de la note singulière de sa voix. Les Japonais disent qu'on croit entendre « le prêtre bouddhiste récitant le kyo ». Et il est bien vrai que celui qui l'entend pour la première fois ne saurait imaginer que ce chant qui frappe son oreille est le fait d'un simple cri-cri. (Extrait de Japon inconnu, traduction de Mme Léon Raynal).
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Pour les Japonais, les cigales, par la singularité de leur chant, unique d'une espèce à l'autre, et la courte durée de leur vie, sont un symbole de la vanité et la fugacité de l'existence. C'est ce qu'exprime ce haïku de Bashô (芭蕉) :

やがてしぬけしきはみえず蝉の声
Le chant des cigales ne laisse rien transparaître de leur mort prochaine.

Pour moi, c'est aussi la bande son de deux étés japonais et de souvenirs tout aussi évanescents. 懐かしい!

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