vendredi 3 octobre 2014

La lettre à Momo

Zoom Japon avait dit le plus grand bien de La Lettre à Momo (ももへの手紙) lors de sa sortie. En effet, je n'ai pas été déçue, loin s'en faut. Okiura Hiroyuki (沖浦 啓之) nous propose une belle histoire sur le deuil, émouvante et surtout très drôle.

 

Synopsis


Suite au décès de son père, Momo et sa mère quittent Tokyo pour l'île de Shio (une île fictive quelque part entre Shikoku et Hiroshima). Tandis que sa mère essaie de trouver un emploi et de surmonter ses difficultés en faisant comme si de rien n'était, Momo peine à s'adapter à son nouvel environnement. La jeune fille, qui culpabilise de s'être disputé avec son père juste avant son décès (accidentel), n'a guère envie de sociabiliser. Mais son angoisse est au comble quand elle commence à voir des yôkai. Ces derniers sont en fait là pour veiller sur elle et sa mère, le temps que son père arrive au ciel pour assumer cette fonction lui-même. Mais ils s'avèrent assez turbulents et sont source de conflit entre Momo et sa mère, qui, évidemment, ne les voit pas. Ils vont néanmoins permettre à la jeune fille de faire son deuil, et au final, de se réconcilier avec sa mère.

Commentaire


La Lettre à Momo est un film très réussi à tous points de vue. L'animation, qui privilégie les dessins à l'ancienne (sans ordinateur), est très belle. Les décors sont magnifiques et donnent envie de partir à la découverte des îles dont s'est inspiré le réalisateur (le genre d'île qui rappelle aussi le Manabeshima de Florent Chavouet). L'histoire est pleine d'humour et octroie quelques franches rigolades, permettant au réalisateur d'offrir des portraits psychologiques tout en finesse, sans tomber dans la mièvrerie.

Le film montre bien l'importance de formuler ses sentiments. Le père de Momo, parti en laissant une lettre inachevée, sans avoir pu exprimer son amour à sa fille, laisse cette dernière en proie à la culpabilité et à la vague impression qu'elle est responsable de son décès. La mère, en masquant son chagrin et ses difficultés, laisse à croire à Momo qu'elle est passée à autre chose. Elle refuse d'entendre les sentiments de sa fille, probablement par peur de ne pouvoir y faire face. Au final, l'incompréhension monte des deux côtés et on frise le drame. On ne protège pas les enfants en cachant ses sentiments (on ne les aide pas non plus en en faisant un étalage déraisonnable, il est vrai). Montrer ses faiblesses, permettre à l'autre de montrer les siennes, est l'une des bases d'une communication saine. En ce sens, ce film s'adresse aussi bien aux adultes qu'aux enfants.

En résumé, La lettre à Momo est un beau film, drôle et émouvant que je vous recommande vivement. それでは、また。

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